De Diofior, Sénégal, à Joinville, Mamadou Thiam a vu du pays. Il a aussi conquis plusieurs titres européens et a boxé deux fois pour le titre mondial. Il compte 49 victoires pour 46 KO. Désormais installé à Joinville, il a créé le Thiam Boxing Punch, une salle de boxe à Barbusse.
A l’entrée de la Résidence Espérance, 1 rue Henri Barbusse dans un sous-sol qui accueillit jadis d’autres sports de combat, se trouve la salle de boxe de Mamadou Thiam. Une salle de boxe dans une cité, ça fait un peu cliché. Peut-être, mais Mamadou Thiam vient de là. Pas de Joinville, de Besançon, quartier des Clairs-Soleils. Une cité sensible, un quartier difficile. Il a dû s’adapter dès son arrivée en France à l’âge de 12 ans en provenance de Diofior au Sénégal.
Son père travaille en France dans une fromagerie industrielle du côté de Besançon. Mamadou, sa maman et ses frères et sœurs quittent l’Afrique pour poser leurs bagages à Besançon juste avant l’hiver. Choc thermique et culturel !
Mamadou va au collège aux Clairs-Soleils, « où il y avait des gens de toutes origines ».
Il va en cours mais préfère les parties de foot avec les copains. Il ne prolonge pas sa scolarité et reste dans le quartier. Vers 18 ans il découvre la boxe au Ring Olympique Bisontin avec des potes du quartier.
Il enchaine les entrainements et monte vite sur le ring. S’ensuivent quinze combats amateurs pour 12 victoires et 3 défaites. Il entraîne aussi les jeunes du club. Il vit par et pour la boxe.
Année 1993, Thiam passe professionnel, à l’époque on dit indépendant. Il suit son entraîneur à Cahors et fait ses débuts professionnels le 20 novembre de la même année. Son punch s’avère dévastateur. Thiam emporte deux coupes de France puis devient champion de France des super welters en 1997.
Un combat pour le titre mondial face Trinidad
Les frères Acariès, de puissants promoteurs, le repèrent et le prennent sous leur aile.
Le 30 novembre 1998, il se voit offrir une chance européenne. Il la saisit en mettant KO à la deuxième reprise Saïd Bennajem au Palais des Sports de Paris. Il défend victorieusement son titre deux fois en moins de cinq mois.
Sur le toit de l’Europe, Thiam obtient une chance de titre mondiale le 22 juillet 2000, face à la légende Félix Trinidad. Le combat tant attendu tourne court. Le portoricain touche Thiam dont l’œil se ferme. Il doit abandonner à la troisième reprise. Le français se laisse cette fois quelques mois et reprend le titre européen.
Il obtient une seconde chance mondiale, face au panaméen Samaniego le 10 août 2002. Le combat est terrible et va au terme des 12 rounds. Moins quelques secondes. Thiam vacille, le coach jette l’éponge.
On conseille au puncheur d’arrêter la boxe. Les frères Acariès le lâchent. Mamadou va continuer seul. Vivre pour boxer, boxer pour vivre. Il s’entraine et gère sa carrière lui-même.
Nous sommes en 2002, « Mam » a 30 ans. Il veut continuer, part à Las Vegas et combat sur le continent américain, au Canada mais aussi en Hongrie au Danemark, en Irlande, en Bosnie où les traces de balles sur les murs de Sarajevo le marquent.
« Je suis content d’avoir voyagé beaucoup sur la fin de ma carrière, d’avoir organisé tout par moi-même. Quand tu fais ça tu te sens capable d’aller n’importe où dans le monde. »
Mamadou a voyagé. Le voilà à Joinville. Pas le centre du monde mais un endroit où il passait des semaines lorsqu’il préparait ses combats avec les frères Acariès. « A l’époque, les gamins de Barbusse me reconnaissaient. »
Il découvre le coaching aux États-Unis. Il s’y lance en France, fort de ses diplômes d’entraineurs, obtenus lorsqu’il entrainait les gamins à Besançon et à Cahors.
Le projet d’ouvrir une salle à Joinville était dans un coin de sa tête. Il y vit désormais et sa femme y travaille depuis 10 ans.
C’est dans le quartier où les gamins le reconnaissaient que la ville lui a confié une salle, à la résidence Espérance dans le texte, à Barbusse pour tout le monde. Au sous-sol, la salle accueille tous ceux qui veulent boxer. Mamadou assure lui-même les entrainements du lundi au samedi de 18h à 22h pour les plus de 16 ans. Un cours pour les plus jeunes a également lieu le mercredi de 13h à 15h dans le dojo du gymnase du bataillon.
Dans ce quartier dit sensible de Joinville, Mamadou souhaite transmettre les valeurs qui lui ont permis de se construire en tant que boxeur et en tant qu’homme. Un homme droit et respectueux.
« Ici on a une salle pour s’entraîner. A travers une pratique loisirs, les gens peuvent se découvrir. » Après avoir été une passion puis un métier, la boxe semble redevenir une passion, dans la transmission. « Il faut faire ce qu’on aime, avec cœur, correctement. Ici la salle est en sous-sol mais en travaillant on peut atteindre les sommets. »