Le spot est le nom du projet d’aménagement des délaissés de l’autoroute. Il comprend des équipements sportifs et ludiques, des fresques urbaines et la plantation d’une forêt urbaine de 3000m2. Pour celle-ci, la Ville a fait appel à l’association Boomforest, qui suit 20 mini forêts en régions parisienne et lyonnaise. Ecoliers, associations et citoyens, tout le monde peut participer à la plantation à Joinville !
Damien Saraceni, cofondateur de l’association Boomforest, nous a accordé une interview pour nous expliquer le fonctionnement d’une mini forêt fondée sur la méthode Miyawaki, du nom de son fondateur, et sur son déroulement à Joinville.
Comment est née l’association Boomforest ?
Boomforest est née fin 2017 avec l’objectif d’expérimenter et d’aider à appliquer la méthode de plantation de petites forêts Miyawaki (voir encadré). Notre premier projet a vu le jour à la porte de Montreuil, il a été planté début 2018. Cette expérimentation était parmi les premières en France. Le projet est issu de budget participatif de la ville de Paris qui a mis ce terrain à notre disposition pour faire cette expérience qui s’étend sur environ 400m2 au bord du périphérique.
Comment se présentait le terrain à l’époque ?
Ce terrain était une pelouse. Il n’y avait rien. On a installé une petite butte et planté cette mini forêt. L’idée était vraiment audacieuse à l’époque avec une question : comment faire revenir la nature en ville efficacement avec des moyens faibles. Nous sommes partis au Japon pour étudier la méthode et nous nous sommes lancés. Il a fallu dépolluer ce terrain bordant le périphérique parisien, enrichir la terre, trouvé les jeunes plants…
Pourquoi parler de mini forêt sur un terrain de quelques centaines de mètres carrés ?
Tout simplement parce qu’on va essayer de recréer toutes les strates végétales qu’on retrouve dans une forêt avec des espèces qu’on retrouverait et qui pousseraient dans une forêt d’Ile-de-France. Pour ça on fait des recherches dans un rayon de 20 km. En Ile-de-France, on trouve des hêtres, des chênes, des charmes, des érables, des frênes et des arbustes comme le fusain, le sorbier, l’églantier qui protègent du vent, des incursions d’animaux aux abords des forêts.
De quelle taille sont les arbres plantés ?
Il s’agit de petits plants, qui mesurent de 30 à 50cm, âgés de 2 à 3 ans. C’est l’âge auquel ils ont développé complétement leur système racinaire sans s’être trop adapté à un lieu fixe. C’est important car les végétaux sont des organismes qui ne se déplacent pas. Le fait de les déplacer constitue un événement traumatique. Il faut donc le faire au bon moment, quand ils sont jeunes par ce qu’ils ont une meilleure capacité à s’adapter. Un arbre mature à hauteur d’homme va mettre plusieurs années à refaire son système racinaire, c’est traumatisant pour l’arbre et ça ne fait pas gagner de temps pour constituer une forêt, il n’y a donc aucun intérêt à déplacer un arbre déjà grand.
La densité est un élément important de la méthode Miyawaki ?
En effet, on plante avec une forte densité, 3 arbres ou arbustes au mètre carré. Ça fait de la densité mais ça n’entraine pas de surmortalité.
Au Japon, avec un recul de 50 ans, la densité reste très forte avec les années. Les plants s’adaptent bien à cette densité quand ils sont plantés très jeunes. Ils vont pousser davantage en en hauteur et c’est pour ça aussi qu’ils poussent plus vite.
Cette densité permet aussi aux arbres de se protéger du vent. Leurs feuilles créent un espace fermé qui va diminuer les pertes d’humidité du sol, réduire la concurrence avec d’autres végétaux et limiter l’incursion des hommes…
Quel entretien nécessitent les forêts Miyawaki ?
Les trois premières années, il est nécessaire de désherber pour éviter la concurrence d’espèces qui pourraient nuire aux arbustes plantés. Passé ce délai, la forêt devient autonome, il n’y a aucun besoin d’arroser, comme une vraie forêt, qui forme un tout cohérent, un véritable éco-système. On constate que les insectes, oiseaux et petits mammifères reviennent peupler cet habitat naturel.
Quel bilan tirez-vous de vos expérimentations ?
Toutes nos mini forêts sur les 20 sites en régions parisienne et lyonnaise se portent très bien, que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain. Sept ans de recul c’est encore très jeune mais c’est très encourageant.
Joinville s’apprête à accueillir une mini forêt, comment va se dérouler la plantation ?
Une présentation publique est prévue le 7 novembre. La mini forêt s’étendra sur 3000m2 à Joinville.
Les élèves des écoles Joinvillaises vont être fortement impliqués. Des interventions dans les classes des écoles primaires de Joinville sont prévues pour présenter le projet et faire des activités sur le thème de la forêt vivante. Les enfants planteront ensuite des arbres sur le site.
La plantation citoyenne ouverte à tous interviendra les week-ends du 23/24 novembre et du 14/15 décembre. La deuxième partie, côté Marne, sera faite en début d’année 2025.
Ce point est important car pour que la plantation réussisse et que les arbres soient transplantés dans leur nouveau lieu de vie, il est important de respecter leur rythme, et de ne les déplacer que lorsqu’ils n’ont plus de feuilles et qu’ils sont en dormance, une sorte d’hibernation végétale.
Quel accueil la plantation a-t-elle reçu à Joinville ?
Nous avons reçu un accueil très favorable lors du Village des associations, avec déjà beaucoup d’inscriptions pour les plantations.
Nous sommes très heureux de voir l’intérêt de la ville pour cette démarche de reforestation et de participation citoyenne, par la volonté de solliciter citoyens, élèves mais aussi les associations dans ce beau projet.
La plantation est le point de départ. Ensuite, il faudra entretenir et désherber les premières années avant de voir la forêt devenir totalement autonome.
Inscriptions pour la plantation citoyenne
Méthode Miyawaki // Kesaco ?
La méthode Miyawaki, du nom de son fondateur, propose, en replantant dès le départ des végétaux formant les différents “étages” (les strates végétales) d’une forêt, de manière dense, avec des végétaux locaux constituant des forêts indigènes, de reformer rapidement des écosystèmes de type forestier. La méthode se veut efficace, en mobilisant des investissements relativement modestes. Elle a vu le jour il y a 50 ans au Japon. Elle a depuis été expérimentée dans de nombreux pays.
Une végétation très dense
La forte densité (3 arbres au m2 en France) joue un rôle bénéfique pour aider les jeunes plants dans les premières années, les rendant plus résistants aux stress extérieurs (vent, sécheresse, concurrence), tout en permettant la formation d’une végétation close dès les premiers stades de la pousse.
Un retour de la biodiversité
La grande diversité des espèces végétales et la forte densité de la plantation favorisent un retour rapide de la biodiversité dès la première année.
Vers de terre, insectes, pollinisateurs, oiseaux, petits mammifères… La plantation étant trop dense pour les êtres humains, elle permet vite un retour des autres êtres vivants en son sein !
Une croissance stimulée
La plantation dense favorise une compétition vertueuse entre les jeunes arbres, qui vont pousser vite pour rester dans la course à la lumière. La jeunesse des plants utilisés les rend également adaptables et plus résilients aux changements climatiques qui affectent tous les végétaux.
Une communauté végétale autonome
Grâce à la sélection des espèces indigènes, adaptées au milieu local, à leur diversité et à la densité, la plantation est autonome au bout de 3 ans et ne nécessite normalement pas d’arrosage (la crise climatique incite à suivre de plus près chaque plantation à ce niveau)
Avant cela, il faut l’entretenir par un peu de désherbage, c’est tout !
Mini forêt urbaine
Le calendrier
8-9 février : 3ème weekend de plantation participative avec les citoyens et bénévoles
8-9 mars : 4e et dernier weekend de plantation participative avec les citoyens et bénévoles pour cette phase